Japon 1989 : Le clash Prost/Senna

Entre le Grand Prix de Saint Marin et celui du Japon, il s’est écoulé quasiment six mois jour pour jour. Depuis le non-respect du pacte de non agression par Ayrton Senna en avril les relations avec Alain Prost n’ont cessé de se dégrader jusqu’au point de non retour.

En arrivant à Suzuka en tête du championnat, Prost prévient d’entrée qu’il ne cèdera pas face à son équipier si d’aventure celui-ci venait à tenter une manœuvre trop agressive. Le Français a encore en mémoire leur passe d’arme à Estoril l’année précédente ou encore celle de Silverstone quelques mois auparavant. Le décor est planté !

Au terme des qualifications du Grand Prix du Japon 1989, une seconde sept sépare Ayrton Senna et Alain Prost. Si le verdict du chrono peut sembler dur avec le Français, Prost est en réalité très confiant au moment de s’installer dans son baquet quelques minutes avant le départ.

En effet, conscient de la supériorité de la MP4/5, celui qui est alors double champion du monde a favorisé des réglages pour la course au contraire de son adversaire et voisin de garage. En résumé et pour simplifier les choses au maximum, pour vulgariser comme diraient certains, il lui suffit de prendre un meilleur envol que Senna pour s’emparer de la tête de l’épreuve et s’envoler vers la victoire.

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47ème tour : après un round d’observation, Senna tente le tout pour le tout et plonge à la chicane Casio pour prendre le meilleur sur son équipier. Mais Prost avait prévenu avant le Grand Prix, qu’il ne se laisserait pas faire en cas d’attaque de son équipier et reste donc sur sa ligne forçant l’autre McLaren a freiner sur le béton extérieur à la piste.

Résultat, la roue de Senna touche le ponton de Prost et les deux monoplaces rouge et blanche se retrouvent immobilisées en bord de piste. Moteur calé, Prost sort de son bolide tandis que Senna fait de grands gestes pour obtenir l’aide des commissaires et regagne la piste, aileron avant de travers.

Contraint de repasser par les box pour changer de moustache, le pilote brésilien est alors deuxième derrière la surprenante Benetton de Nannini qui profite non seulement du duel fratricide des hommes de Ron Dennis mais aussi des déboires mécaniques de la Scuderia Ferrari, pour occuper la tête de la course.

Mais Senna est bien décidé à s’imposer et revient comme un boulet de canon sur Nannini qui décide de ne pas bloquer la route du Brésilien qui franchit donc la ligne d’arrivée en vainqueur…

Mais de retour dans la pitlane il est informé par Ron Dennis que la direction de course l’a disqualifié pour avoir utilisé une zone de décélération ne faisant pas partie de la piste dans sa manœuvre contre Prost, avoir repris la piste avec l’assistance des commissaires et avoir court-circuité la chicane. Cette disqualification offre de facto le titre mondial à Alain Prost qui conserve son avantage de 16 points.

Furieux, Senna accuse d’emblée Jean-Marie Balestre, Président de la FIA, de favoritisme envers Prost tandis que Dennis annonce faire appel de la sanction. Il faut dire que le patron anglais préférait voir le numéro 1 rester sur une de ses voitures pour 1990 plutôt que de le voir filer avec Prost chez Ferrari.

La sanction ne sera finalement pas annulée et Senna prendra sa revanche un an plus tard sur le même circuit de Suzuka mais ça…c’est une autre histoire…

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