Un week-end en European Le Mans Series

Le lendemain c’est donc arnaché comme…comme je ne sais quoi, parce que entre la combinaison, la chasuble, le casque de protection… je ne vous cache pas que j’ai une allure qui tue. C’est donc bien équipé que j’entre dans la pitlane avec déjà un regard ailleurs…vers le virage de La Source qui représente un point de vue que je veux absolument aller voir mais l’accès ne semble pas évident à première vue mais on y reviendra.

Après haut du Raidillon hier c’est dans la descente vers ce virage que je vais me poster. Juste derrière le mure qui sépare la piste des stands dit Endurance. Autant dire qu’il ne faut pas trop sortir la tête mais…voir et sentir passer les voitures à quelques centimètres de mon objectif…quel kiff !!! Première vraie claque du week-end et déjà l’envie d’y revenir en me disant que la claque doit être encore plus grande avec des monoplaces de Formule 1 !

Samedi il tombe quelques goûtes ce qui ne m’empêche pas de m’aventurer à l’autre bout du circuit. J’avais notamment dit à Sharon que je ferais surement un saut à son poste durant le week-end. Rendez-vous manqué puisqu’il s’avère que le poste 15C est juste en début de zone rouge : zone interdite à tout le monde…même les photographes pro. Ce sera partie remise puisque je la croiserai le lendemain sur la grille autour de la Porsche des Iron Dames.

Je découvre néanmoins le virage Paul-Frère juste après le Pif-Paf que je redécouvre de l’autre côté des grillages mais aussi de l’autre côté de la piste. Idem pour le double gauche de Pouhon ou la chicane des Combes. Un vrai gosse à Noël.

Jeudi 14 août: il est environ 20 heures quand je me pose devant l’écran de mon ordinateur pour remplir ma toute première demande d’accréditation en tant que photographe. Après avoir eu à faire face à quelques lourdeurs administratives j’ai enfin mes papiers en ordre et surtout je dispose des assurances nécessaires et même obligatoires pour lancer cette demande.

Voilà un petit moment que j’y pense. Pourtant à la base moi la photographie ce n’est pas tellement mon truc. Comme pour la télévision qui lors de mes études de journalisme ne m’a jamais véritablement attiré. J’ai comme qui dirait un problème avec l’image…et pourtant…après la crise du COVID c’est sur les circuits que je me suis rendu pour profiter à nouveau de l’air pur…et du bruit des bolides. Et comme simplement regarder des voitures en rond ne me suffisait pas j’ai embarqué avec moi mon modeste appareil photo. Et je me suis rapidement pris au jeu de chercher des angles, des positions, des points de vue…

Ayant la chance de vivre à distance raisonnable de Spa-Francorchamps et du Nurburgring, deux monuments du sport-auto, c’est sur ces deux tracés que je me suis principalement fait la main. Essentiellement sur les manches du GTWorld, découvert pendant le COVID et du WEC pour ce qui est du circuit belge.

Pour cette première demande d’accréditation c’est vers l’Endurance et le championnat FIA d’European Le Mans Series, que je jette mon dévolu. D’une part parce que j’ai déjà assisté à cette course par le passé et que je connais la qualité du plateau, d’autre part parce que ça colle avec mon calendrier et puis enfin vu que c’est ‘chez moi’ pas de frais d’hotel ou d’avion à avancer si d’aventure ma demande était refusée.

L’attente ne sera pas longue puisque le lundi 18 août je reçois confirmation que ma demande est validée. L’occasion de prendre connaissance plus en détails des obligations liées à cette activité qui me placera en bord de piste. Outre un briefing vidéo reprenant les bonnes pratiques et attitudes à adopter (dont certaines font appel au bon sens) il y aussi l’obligation de porter une combinaison ignifugée répondant aux normes FIA pour l’accès à la pitlane…Et à moins d’une semaine de l’évènement je me demande comment et où je vais bien pouvoir me procurer le dit équipement. Le service média de l’ELMS m’informe qu’ils ne dispose pas de ce type de combinaison, qu’ils fournissent seulement la chasuble permettant de nous identifier. Je me tourne alors vers une commissaires de piste que certains connaissent peut-être : Sharon. Elle sera présente sur l’épreuve et me conseille de faire le tour des équipes, certaines étant parfois promptes à rendre ce service. Ok banco j’irais au culot une fois sur place.

Vendredi 22 août : en route vers Spa-Francorchamps. J’effectue tellement souvent ce trajet depuis trois, quatre ans que je crois que ma voiture pourrait y aller toute seule. Passage par le media centre pour récupérer mon pass puis direction la salle de presse pour obtenir ma chasuble. Une fois équipé…je vais en bord de piste et forcément, je m’offre un petit plaisir cliché en allant me placer au poste du Raidillon, au pied de la grande tribune qui surplombe ce virage mythique. Ce circuit et ce virage je le connais par cœur mais tout au long du week-end, je vais le redécouvrir.

La première séance terminée je retourne vers le paddock pour essayer d’obtenir une combinaison afin de pouvoir profiter de mon accès à la pitlane. Entre les équipes qui refusent parce que « ça coute 800 euros ces trucs là » et celles qui me disent de revenir je fais choux blanc. Pas grave. J’ai pris mes renseignement dans un magasin tout proche et il y a moyen d’en louer une pour pas trop cher je vais donc m’y rendre le lendemain histoire de ne pas perdre de temps à refaire le tour des garages et profiter à fond de « mon temps de piste ».

Le lendemain c’est jour J : jour de course. Pour le départ je décide de me poster à La Source. Et comme la veille dans la descente du Raidillon j’en prend plein les mirettes avec le peloton qui frôle le mur. Ce virage était l’une des raisons pour lesquelles je voulais un jour être accrédité. Le point de vue est dingue. Ensuite je vais dans les stands, nottament à l’entrée qui offre un beau point de vue avec sa petite bosse et la forêt en arrière plan. Puis quelques photos dans les box avant l’arrivée…et la cohue pour immortaliser les vainqueurs des différents catégories et principalement l’équipe VDS Panis Racing qui décroche le titre en LMP2. Pas super simple et j’imagine ce que ça doit être pour des meetings plus médiatiques. Pour ça aussi c’est bien de commencer par plus petit pour prendre ses marques et potentiellement éviter certaines frustrations.

Des frustrations il y en a, forcément, celle de ne pas m’être posté au dessus des stands avant la mise en grille par exemple ou celle de ne pas avoir opté pour le bon point de vue lors de la cérémonie du podium. Mais c’est des détails, qui seront améliorés la prochaine fois, à côté de l’expérience globale vécue. Je me souviens encore de ma première entrée dans un paddock de F1, c’était en 2011 comme journaliste pour MotorsInside, et je me souviendrais longtemps de ce premier week-end comme photographe sur cette manche d’ELMS.

Vivement la prochaine !